Eric Tabarly, l'un des plus grands marins français du XXe siècle, forma toute une génération de skippers comme Alain Colas, Philippe Poupon, Titouan Lamazou, Olivier de Kersauson... Dix ans après sa disparition en mer, en juin 1998, Y. Queffélec célèbre l'homme tout autant que le marin. Celui qui fut son équipier à 13 ans puise dans sa mémoire et revisite le mythe et la légende du navigateur.
Tabarly
« J'ai connu la légende avant d'approcher l'homme, avant que Tabarly fût un nom prestigieux sous tous les climats. On aurait dit Ned, le matelot bravache du capitaine Nemo. Des biceps gonflés à crever la peau. Un visage hâlé de bonne épaisseur, les pommettes saillantes, un regard vert aux pâleurs d'absinthe.
Son chez-lui, c'était l'horizon. C'était toiler la mâture, c'était le prochain mille à courir. Il disait : « Je ne fais que vivre la vie comme je l'imaginais. »
Vainqueur de la Transatlantique en 1976, il dit toujours non au mariage. C'est alors qu'il rencontre Jacqueline... Après 1978, son chez-lui c'est Gouesnac'h, au bord de l'Odet, face à l'océan. La belle vie que la vie d'Éric Tabarly, entre Jacqueline et Marie, leur fille !
Le 13 juin 1998, peu après minuit, en mer d'Irlande, quelque chose lui arriva... Mais qui pouvait empêcher Tabarly d'embarquer pour un dernier verre, un dernier océan, le der des ders... ? »
Yann Queffélec, prix Goncourt 1985 pour Les Noces barbares, célèbre l'homme et le marin, disparu en mer dans la nuit du 12 au 13 juin 1998. Une histoire d'amitié où l'auteur, marin à sa manière, se souvient qu'il fut à treize ans l'équipier occasionnel d'Éric Tabarly...