Envoyé en mission scientifique par Bonaparte, le 19 octobre 1800, le capitaine de vaisseau N. Baudin entreprit une longue traversée vers l'île continent encore appelée Nouvelle-Hollande. L'auteur a imaginé le récit qu'il aurait pu faire de ce voyage, fidèle à la vérité historique, en évoquant des anecdotes, des personnages et la rivalité franco-britannique relative aux activités maritimes.
Bien avant que le bicentenaire ne médiatise l'expédition du commandant Baudin aux «terres australes», Muriel Proust de la Gironière s'est passionnée pour ce personnage énigmatique dont elle a suivi les traces jusqu'en Australie. Les archives et les bibliothèques lui ont fourni les documents rares sur lesquels est basé le récit dans ses moindres détails, tandis qu'elle a puisé son inspiration dans la pureté intacte des paysages australiens que découvrit Nicolas Baudin deux siècles plus tôt. Muriel Proust de la Gironière est l'auteur d'un ouvrage intitulé La France en Nouvelle-Zélande, un vaudeville colonial (Editions du Gerfaut, 2002).
Originaire de l'île de Ré, le capitaine de vaisseau Nicolas Baudin est longtemps resté méconnu dans l'hexagone alors que sa notoriété était établie en Australie. Le 19 octobre 1800, il entreprit en effet une longue traversée vers l'île-continent qui s'appelait encore Nouvelle-Hollande, afin d'y effectuer une mission scientifique officielle, assortie de visées stratégiques officieuses. Les commanditaires du périple n'étaient autres que Bonaparte et les plus grands savants de l'époque. Mais entre le début et la fin du périple, se produisirent maints bouleversements dans la France napoléonienne et le commandant Baudin, destiné à «marcher à la gloire» derrière Cook et Bougainville, fut dénigré par les mêmes autorités qui l'avaient élu trois ans auparavant. Décédé avant son retour, il ne put jamais se défendre contre la rumeur publique qui hâtivement le discrédita.
C'est pourquoi l'auteur a décidé de lui donner la parole à titre posthume, dans un récit raconté à la première personne. Nous sommes en août 1803, à l'île de France (aujourd'hui île Maurice), pendant la dernière escale. Nicolas Baudin sent la mort approcher et devine les calomnies à venir. Malade, alité, il évoque sa mission aux «terres australes», ses rapports conflictuels avec l'état-major qui fut la source des diffamations, il imagine le futur auquel il ne participera plus, enfin il commente avec fureur ou ironie les agissements de la colonie contre lesquels il est désormais impuissant.
On trouvera dans cette narration originale la restitution du voyage, volontairement dépouillée des détails techniques de navigation qui en rendent la lecture difficile pour les non-spécialistes. En revanche l'itinéraire, les personnages, les anecdotes, tout est authentique et glané dans les récits inédits des membres de l'expédition. Le lecteur accompagnera Nicolas Baudin le long du littoral australien, il entendra sa voix, et par-delà la rumeur de l'océan il aura un écho de la rivalité franco-britannique qui sous-tendait à l'époque toutes les activités maritimes.
Le 19 octobre 2000 ouvrit le bicentenaire de cette expédition de découvertes. L'année 2002 consacre la réintégration définitive du capitaine de vaisseau Nicolas Baudin dans notre patrimoine maritime.