Sept jours d'immobilité totale à fixer des tiges de bambou. Vendredi est atteint d'un mal qui le ronge, les yeux dans le vague et le vague à l'âme. Son fichu barbu de Robinson lui a bien préparé une cuisse dorée de crucru, rare comme un coffre rempli d'or, Vendredi n'a pas daigné ouvrir la bouche. Pas même pour jouer un de ces fameux airs de flûte. C'est désormais une question de vie ou de mort pour ce bougre de sauvageon.
Pourtant, sur leur île déserte, on s'y connaît question belle vie. On joue au crabe-caillou sur la plage toute la journée, avant de mimer la chèvre, Mêêê, et de savourer des oreilles de cochon grillées, Uiik uiiik. Mais, ça, c'était la vie des autres jours.
Alors, quand les voiles blanches d'un navire battent à l'horizon, certainement pour les conduire loin de leur caillou perdu, Robinson pressent l'heure d'une sacrée récréation. Il ne s'agit plus de partir mais d'arriver. Et si finalement des cannibales débarquent, amicalement parés de colliers de molaires, Vendredi se bougera peut-être. Le monde ne sera pas perdu.
Une parodie du Robinson Crusoé, de Daniel Defoe, dans laquelle Robinson et Vendredi savourent la vie sur leur île déserte, entre jeux sur la plage, dégustation de bière de banane ou d'oreilles de cochon. Bientôt, leur tranquillité est perturbée par toute une série de personnages allant du missionnaire évangélisateur au cannibale affamé.